Weaponization Of The Holocaust Memory
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L'instrumentalisation de la mémoire de l'Holocauste : Réduire « Plus jamais » pour réduire au silence les critiques d'Israël

L'Holocauste, l'une des pires atrocités de l'histoire humaine, a coûté la vie à des millions de personnes et a laissé une empreinte indélébile dans la conscience mondiale. Sa commémoration, incarnée dans la phrase « Plus jamais », était destinée à être un appel universel pour prévenir les génocides et protéger tous les peuples contre l'anéantissement systématique. Cependant, à mesure que le conflit israélo-palestinien se prolonge, la mémoire de l'Holocauste a été de plus en plus réduite pour se concentrer uniquement sur la souffrance juive, utilisée comme une arme pour diffamer et réduire au silence les critiques légitimes des actions d'Israël. Cet article explore quatre points critiques qui éclairent cette tendance troublante : la propension sioniste à assimiler les Palestiniens aux nazis, la marginalisation des autres victimes de l'Holocauste, la collaboration juive pendant l'Holocauste, et l'essor du projet sioniste au milieu du génocide. Ces dynamiques révèlent comment « Plus jamais » a été détourné d'un principe universel en un bouclier pour les politiques israéliennes, sapant son intention initiale.

1. Les sionistes qualifiant les Palestiniens et leurs soutiens de nazis

Une tactique répandue dans le discours sioniste consiste à qualifier les Palestiniens et leurs soutiens de nazis, en s'appuyant sur des récits historiques pour délégitimer leur cause. Un exemple notable est l'affirmation selon laquelle Haj Amin al-Husseini, le mufti de Jérusalem, aurait incité Adolf Hitler à commettre l'Holocauste — une narrative amplifiée par des figures comme le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en 2015. Malgré les preuves historiques montrant que la « Solution finale » était en cours dès la mi-1941, avant la rencontre du mufti avec Hitler en novembre de cette année-là, cette affirmation persiste comme un outil rhétorique. La rhétorique israélienne contemporaine renforce souvent cette narrative par un langage déshumanisant, dépeignant les Palestiniens comme une menace existentielle semblable au Troisième Reich. Une telle rhétorique justifie des mesures extrêmes — comme les sièges et les blocus de l'aide — tout en diffamant les critiques des politiques d'Israël comme des sympathisants nazis, étouffant les critiques légitimes sous le poids de la mémoire de l'Holocauste.

2. Les Juifs n'étaient pas les seules victimes de l'Holocauste

L'Holocauste n'a pas ciblé uniquement les Juifs, mais aussi les Roms, les homosexuels, les personnes handicapées, les Témoins de Jéhovah et d'autres groupes jugés « indésirables » par le régime nazi. Les estimations suggèrent que 200 000 à 500 000 Roms ont été tués dans le Porajmos, jusqu'à 15 000 homosexuels ont été envoyés dans des camps de concentration, et 200 000 à 250 000 personnes handicapées ont été assassinées dans le cadre du programme d'euthanasie T4. Pourtant, la commémoration conventionnelle de l'Holocauste se concentre souvent exclusivement sur la souffrance juive. Cette réduction marginalise la souffrance des autres groupes, limitant l'application universelle de « Plus jamais ».

Cette mémoire sélective a des implications profondes pour le conflit israélo-palestinien. En présentant l'Holocauste comme une tragédie uniquement juive, le récit donne la priorité à la sécurité juive — incarnée par l'État d'Israël — au détriment des droits d'autres groupes opprimés, y compris les Palestiniens. Des politiques telles que les sièges et les blocus de l'aide créent des crises humanitaires pour les Palestiniens, mais leur souffrance est souvent ignorée dans les récits qui privilégient la sécurité juive. Si « Plus jamais » signifiait véritablement prévenir le génocide pour tous, il s'appliquerait aux Palestiniens confrontés à de telles conditions, mais l'accent réduit sur la souffrance juive exclut leur souffrance de ce cadre moral.

3. Les Juifs n'étaient pas seulement des victimes, mais aussi des acteurs

Le récit des Juifs comme seules victimes de l'Holocauste est compliqué par des preuves historiques de collaboration juive avec les systèmes nazis, souvent motivée par la survie ou le pragmatisme. Environ 150 000 hommes d'ascendance juive — 60 000 « demi-Juifs » et 90 000 « quart-Juifs » — ont servi dans la Wehrmacht, certains recevant des distinctions élevées comme la Croix de Chevalier, souvent avec le consentement explicite de Hitler. Beaucoup se sont engagés pour éviter les persécutions ou protéger leurs familles, naviguant dans un système brutal qui les discriminait (par exemple, interdiction de promotions pour les « demi-Juifs »). De même, l'accord Haavara de 1933 entre l'Allemagne nazie et les organisations sionistes a permis à 60 000 Juifs d'émigrer en Palestine avec 100 millions de dollars (équivalent à 2 milliards de dollars aujourd'hui), rompant le boycott juif international des produits allemands et soutenant indirectement l'économie nazie.

Cette collaboration est parallèle aux actions du mufti, souvent citées pour blâmer les Palestiniens pour l'Holocauste. Le mufti a cherché le soutien nazi pour contrer les forces britanniques et sionistes, tout comme l'accord Haavara a privilégié l'émigration juive au détriment d'une résistance plus large.
Pourtant, seule la collaboration du mufti est utilisée comme arme pour accuser tous les Palestiniens, tandis que l'implication juive est traitée comme une exception. Ce double standard est évident dans les politiques contemporaines : Israël perpètre des actions — comme les blocus de l'aide et les sièges — qui nuisent aux civils palestiniens. L'ironie est frappante : un État fondé sur « Plus jamais » adopte des politiques qui reflètent les tactiques de punition collective qu'il condamne, révélant comment la mémoire de l'Holocauste est utilisée pour protéger Israël des critiques tout en diffamant les Palestiniens comme des agresseurs semblables aux nazis.

4. Le projet sioniste a prospéré pendant l'Holocauste

L'Holocauste a considérablement accéléré le projet sioniste d'établir un État juif en Palestine, souvent au détriment de la population palestinienne.
L'accord Haavara a facilité l'émigration de 60 000 Juifs et transféré des fonds substantiels, renforçant la base démographique et économique pour un futur Israël. Entre 1931 et 1945, la population juive en Palestine est passée de 174 610 à 553 600, en grande partie en raison des réfugiés fuyant les persécutions nazies. Sur le plan diplomatique, l'Holocauste a galvanisé le soutien international pour un État juif, culminant avec le plan de partition de l'ONU de 1947 et l'établissement d'Israël en 1948. Cela a eu un coût : la Nakba a déplacé 700 000 Palestiniens, une conséquence directe du succès du projet sioniste au milieu de l'Holocauste.

Cette trajectoire historique continue d'affecter les Palestiniens, comme en témoignent des politiques telles que les sièges et les blocus de l'aide, qui créent des conditions de vie intenables et perpétuent les déplacements. Les Palestiniens se décrivent souvent comme les « dernières victimes » des nazis, portant les conséquences de la culpabilité européenne face à l'Holocauste à travers leur propre dépossession. Le récit du mufti justifie davantage ce traitement en présentant les Palestiniens comme une menace historique, réduisant au silence les critiques des actions d'Israël en invoquant la mémoire de l'Holocauste. Le succès du sionisme, enraciné dans l'Holocauste, devient ainsi un outil pour éluder la responsabilité des politiques contemporaines, réduisant « Plus jamais » à signifier la protection des Juifs uniquement, plutôt qu'une position universelle contre le génocide.

Conclusion : Restaurer le véritable sens de « Plus jamais »

La mémoire de l'Holocauste, destinée à être un appel universel pour prévenir le génocide, a été réduite pour se concentrer sur la souffrance juive et utilisée comme une arme pour diffamer et réduire au silence les critiques légitimes des actions d'Israël. La propension sioniste à assimiler les Palestiniens aux nazis, la marginalisation des autres victimes de l'Holocauste, le double standard dans le traitement de la collaboration juive, et l'essor historique du sionisme au détriment des Palestiniens contribuent tous à cette distorsion. Les politiques contemporaines — telles que les sièges et les blocus de l'aide — démontrent comment cette mémoire réduite justifie la souffrance palestinienne tout en protégeant Israël de toute responsabilité.

« Plus jamais » était censé signifier plus jamais de génocide, et non plus jamais de Juifs victimes. Son intention initiale était de protéger tous les peuples contre l'anéantissement systématique, quelle que soit leur identité. En restaurant ce principe universel, nous pouvons élargir la mémoire de l'Holocauste pour inclure toutes les victimes — Juifs, Roms, homosexuels, et autres — et étendre ses leçons morales pour aborder les atrocités contemporaines, y compris celles auxquelles sont confrontés les Palestiniens. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons honorer l'esprit véritable de « Plus jamais », en favorisant un dialogue qui reconnaît les traumatismes interconnectés et recherche la justice pour tous, plutôt que de perpétuer la division à travers l'instrumentalisation de l'histoire.

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